Jérémy Ferrari, le surdoué de l'humour

22/04/2023

Avec ce ton corrosif bien à lui, l'humoriste dévoile un éventail de ses failles dans son show Anesthésie Générale, riche en sensations fortes.


Rire, larmes, malaise, doute, peur, soulagement... Votre spectacle propose une palette inédite d'émotions...


C'est le but recherché ! Je veux créer des chocs émotionnels. C'est en suscitant ces ruptures que l'on a les réactions les plus denses.

L'objectif est de divertir, d'alerter et d'informer. Ce show a-t-il aussi un but thérapeutique pour vous, qui évoquez certains maux comme l'alcoolisme, la tentative de suicide, les troubles psychiatriques?


Un peu tout ça à la fois, mais il est plus fait pour me challenger. Je ne ressens pas de honte à être atteint de ces troubles, car ils ne sont pas de mon fait. J'assume qui je suis et ce que je suis. À force de mettre tout sous le couvert de l'intimité, on s'enferme.

Vos spectacles sont toujours très argumentés et chargés d'infos...


Oui, mais le show est fait pour etre accessible à tous, aux lettrés comme aux gens comme moi, qui ne sont pas allés à l'école. Le thème du spectacle tourne autour de la santé. J'ai rencontré des soignants, j'ai même passé du temps en immersion aux urgences. Il fallait que je comprenne leur quotidien pour porter les dysfonctionnements du système de santé sur scène. 

Vous prévoyez de faire deix Accor Arena, à Paris, les 9 et 10 mars 2024. Ces représentations vous effraient-elles?


Ça dépend des jours ! (Rires) Une chose est sûre, c'est que l'on travaille dur pour proposer un show extraordinaire. Tout sera fait pour que nous passions, tous, une bonne soirée. C'est aussi une revanche sur le Covid, qui à tant menacé le spectacle vivant. Et, à titre personnel, je veux vivre ce moment et dire au plus grand nombre que je m'en suis sorti. 

Comment allez-vous, aujourdhui?

Je suis ce que je suis et je le serai toujours. J'ai fait le deuil d'être un jour normal et serein, mais le temps me permettra d'aller mieux. Mes troubles ont énormément diminué grâce à l'hygiène de vie que je m'impose. Je ne me suis jamais senti aussi libre, car ce ne sont plus mes troubles qui décident. J'ai trouvé un compromis avec eux : je ne leur donne plus de médicaments, ni d'alcool et de cigarettes, mais trois heures de sport par jour, trois heures de scène par spectacle, des projets à développer et six sociétés à gérer... et beaucoup de sommeil. Ils devront se contenter de ça : pour l'instant, ça tient !
Interview: Adeline Quittotaux